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2013-04-21
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Le changement climatique : racines spirituelles d’une crise

1. Nous, représentants des communautés religieuses canadiennes, reconnaissons unanimement qu’on pourrait réagir à la crise croissante du changement climatique au moyen de solutions inspirées des ressources morales et spirituelles des traditions religieuses du monde. Nous reconnaissons qu’à sa racine même, cette contribution humaine à un changement climatique sans précédent est symptomatique d’une déficience spirituelle : recherche de l’intérêt personnel, compétition destructrice et cupidité ont donné naissance à des régimes précaires de production et de consommation. La relation entre l’humanité et l’environnement s’est vue dénaturée par des actions qui compromettent le bien-être des générations de vies à venir.

2. Individus, société civile, entreprises, industries et gouvernements, nous sommes tous appelés, par nos traditions religieuses et nos textes sacrés, à peser les dimensions spirituelles de la crise du changement des océans et du climat, à faire le point sur notre comportement collectif, à transformer les cultures de consumérisme et de gaspillage en cultures de durabilité et à respecter l’équilibre entre l’activité économique et l’intendance de l’environnement. La Conférence du 29 décembre 2011 des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (COP 17), en Afrique du Sud, est susceptible de représenter un point de transition où nous pourrons changer notre façon de penser et d’agir face au changement climatique.

Les valeurs qui sous-tendent une économie durable

3. Toutes les traditions religieuses nous enseignent à regarder au-delà de nous-mêmes, individuellement et collectivement, en ces temps où nous faisons face à la crise du changement des océans et du climat, et à réfléchir sur nos choix et nos décisions. Nous voyons autour de nous autre chose que de simples consommateurs insatiables. On compte, parmi les fondements d’une économie durable, des valeurs de modération, de coopération et de réciprocité. Nous croyons qu’il faut travailler ensemble à transformer en culture de justice pour tous les cultures de la recherche de l’intérêt personnel et d’une consommation plusintense que jamais.

4. Toutes les traditions religieuses proclament la noblesse de l’esprit humain, nous appelant à rechercher la modération et le service du bien commun. Cette vision nous permet d’assumer la responsabilité de nos relations entre nous et avec note planète. Nos choix de tous les jours, qu’il s’agisse de nourriture, de transport, de vêtements ou de loisirs, montrent notre besoin de conscientisation et de transformation collectives. Il nous faut aspirer à la cohérence entre nos croyances et nos actes, afin que nos vies et nos habitudes de consommation reflètent notre relation avec le reste de l’humanité et avec la Terre même.

Le défi de la justice climatique

5. Le changement climatique est une crise planétaire sans frontières. Certains pays, plus affectés que d’autres par ce phénomène, subissent de sévères changements de régime climatique. Ils connaissent l’impact de l’élévation du niveau des mers et de l’érosion des sols, sources de sécheresse et d’inondations. Or, ce sont les pays les plus et les moins en mesure d’y réagir.

6. De nombreux pays souffrent actuellement de conséquences à long terme des émissions sans restriction de carbone qui détériorent l’atmosphère. Nous croyons qu’il faut que tous les pays adoptent des politiques énergétiques permettant de réduire les émissions à un niveau global équitable et sécuritaire. Organisations, entreprises et individus sont également tenus de réduire leurs émissions. Pour des pays à revenu élevé comme le Canada, la justice exige que les gouvernements assument une part plus importante du fardeau économique de l’adaptation au changement climatique et de son atténuation, non seulement à cause de la supériorité de leurs ressources, mais aussi par suite de leur contribution historique à ses causes.

Un appel au leadership et à l’action

7. Nous demandons qu’on fasse preuve de leadership en faveur de l’intérêt à long terme de l’humanité et de la planète, plutôt que de préoccupations économiques et nationales à courte vue. Nos religions nous apprennent que c’est en cherchant à servir les meilleurs intérêts de tous qu’on sert le mieux ceux d’un groupe ou d’une nation. Il existe une famille humaine et une Terre qui est notre patrie. Le changement climatique est une crise globale qui exige des solutions capables d’assurer en premier lieu le bien-être des humains, surtout les plus vulnérables. Notre environnement est en outre la source naturelle de notre richesse et l’habitat de millions d’espèces dont nous sommes les gardiens planétaires. Combien de temps encore pouvons troquer cet héritage inestimable contre la promesse d’avantages supérieurs?

8. Dans notre entourage et nos communautés, nos entreprises et nos organisations, il faut changer les ruineux régimes de production et de consommation, ce qui requiert une transformation culturelle capable de conscientiser le public, en tout premier lieu, aux valeurs de la durabilité et à des pratiques plus responsables. Nous ne pouvons pas rester à la remorque des autres : il faut donner l’exemple. Les organisations religieuses, les institutions publiques et les entreprises ont toutes un rôle à jouer dans la promotion d’une consommation éthique et de modes de vie et de pratiques plus durables dans leur quotidien.

9. Nous nous adressons respectueusement à vous, dirigeants politiques, en qui les Canadiens ont mis leur confiance et qu’ils ont investis d’autorité. Nous vous demandons d’agir en tenant compte à la fois des valeurs de la religion et de la science, jetant un regard objectif sur les problèmes auxquels est confrontée notre planète. La science climatologique présage un avenir encore plus instable et imprévisible, problème qu’on ne saurait résoudre dans l’immédiat. Nous sommes tout disposés à travailler à vos côtés pour un avenir de sécurité, de prospérité et de justice, pour le bien-être de l’humanité et de l’ensemble de la création.

10. En ces moments où vous vous acquittez de vos responsabilités à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le Changement climatique (COP 17), nous vous pressons d’honorer les valeurs dont il est ici question et d’adopter les objectifs suivants :
• dans un esprit de solidarité globale, prendre des mesures collectives en signant et en mettant en oeuvre un accord international contraignant qui, successeur du Protocole de Kyoto, engage les États à réduire leurs émissions de carbone et en déterminant des cibles justes et claires capables d’assurer que la température globale moyenne demeure en-deçà d’une augmentation de 2˚C par rapport aux niveaux préindustriels;
• faire preuve de responsabilité nationale en s’engageant à l’égard d’émissions de carbone nationales, ainsi que d’une politique nationale d’énergie renouvelable conçue pour parvenir à la durabilité;
• Instaurer la justice climatique, en jouant un rôle constructif dans la conception du Fonds vert pour le climat, sous la gouvernance des Nations Unies, et en contribuant des fonds publics.

Nous croyons qu’il s’agit là de mesures pratiques et essentielles à prendre pour assurer le bien-être de la planète pour les générations de vie à venir.

Parmi les signataires, on retrouve: Association des musulmans progressifs du Canada, Baha’i, Citoyens pour la justice publique, Conseil canadien des imams, Église anglicane du Canada, Quakers, Église luthérienne évangélique au Canada, Église mennonite du Canada, Église orthodoxe éthiopienne du Canada, Église presbytérienne du Canada, Église Unie du Canada, Fédération des Temples hindous du Canada, Foi et Bien commun, et Kairos.